Au bonheur des jardins et des jardiniers
Dimanche 4 mai, l'association "Vivre à Aniane" organisait son traditionnel et bisannuel "Bohneur des jardins".
C'est donc sous le signe du bonheur que s'est décliné le jardinage, ce jour-là.
Mais un jardin n'est rien sans un jardinier, c'est à dire un style de jardinage : et il existe autant de façon de jardiner que de jardiniers. C'est pourquoi, de temps en temps, il est bon de réunir tous les apprentis jardiniers et autres professionnels de la binette ou amateurs de la grelinette. Comme ça, chacun peut confronter ses pratiques à celles des autres et les défendre avec forces arguments, ou au contraire, se rassurer en constatant que ses façons de faire concordent avec celles de ses pairs ( se tromper "comme les autres" est très rassurant pour son ego).
Geotium était là, avec sa maquette et un nouveau jeu conçu spécialement pour cette édition 2014 placée sous le signe de la terre. Le public avait pour mission de recréeer la biodiversité locale en partant du tout début : c'est à dire de la création du sol, base de l'implantation des végétaux, eux-mêmes situés en amont de toutes les chaînes alimentaires.
Le Stand de Geotium avec sa nouvelle banderolle peinte par notre artiste (et néanmoins jardinier) maison, Gabriel.
Le jeu commence avec la fabrication du sol. La grande question de départ est celle-ci : comment se crée un sol, c'est à dire, d'où vient la terre qui nourrit les plantes du jardin et d'ailleurs ?
... qui sous l'action du soleil...
... se désagrègent, se délitent et s'effritent jusqu'à former un substrat meuble.
Deuxième intervenant dans la création d'un sol : la vie. Sous la forme d'une litière. En gros, si les roches forment le matelas du sol, la litière représente la couverture -ou les draps en fonction de son épaisseur.
Cette litière est composée de matière organique : animaux et plantes morts rendent ainsi au sol qui les a nourrit de leur vivant de quoi alimenter les générations suivantes.
Entrent alors en scène les petits ouvriers du sol : ces bestioles minuscules qui transforment patiemment toute cette matière organique en matière minérale assimilable par les plantes. Ce sont les saprophages...
... et les coprophages. Qu'ils se délectent de crottes fumantes, de cadavres faisandés ou de fleurs fanées, ce sont eux qui permettent le recyclage de la matière organique en un bon humus appétissant pour nos fleurs et nos légumes. Bravo à ces humbles et timides travailleurs du sol sans lesquelles le sol ne serait que de la roche et tout jardin un rêve irréalisable.
Pour mélanger le tout (la roche meuble et la litière transformée en humus), les animaux fouisseurs sont là. Grâce aux sangliers que maudit le jardinier et à la taupe que pourchasse tout propriétaire d'un gazon, les ingrédients du sol se mélangent aussi surement que la farine et la levure dans le pétrin d'un boulanger.
La taupe : un travailleur du sol efficace -bien qu'inconscient- que tout jardinier devrait vénérer.
Sur la stand, les enfants reproduisent toutes ces étapes en cassant des cailloux puis en mélangeant l'humus et les roches sableuses juqu'à obtenir un sol qui ferait envie au plus blasé des jardiniers.
Une dizaine de roches sont proposées. Plutôt que choisir, pourquoi ne pas tout mélanger ?
Une pincée de sable dolomitique, un rien d'alluvions, une cuillerée de marne, un soupçon de sable granitique, un chouilla d'argile et il ne reste plus qu'à rajouter délicatement l'humus et faire la taupe : on touille et retouille le mélange jusqu'à ce qu'il soit bien homogène.
Le berceau attend le sol, source de toute forme de vie sur Terre.
Il ne reste plus qu'à jeter une poignée de graines dans le berceau et la biodiversité peut alors envahir la terre et la Terre.
Ensuite, chaque participant remonte la chaîne alimentaire en ajoutant les plantes et les herbivores,
et en choisissant les insectivores et les carnibvores.
... Une fois la châine terminée, chaque plante et chaque animal rejoint son lieu de vie sur la maquette.
La grenouille plonge dans la lavogne.
L'aigle s'envole vers la falaise.
Et le jardinier retourne dans son jardin.
Tandis que le héron niche au bord de la rivière.
Pas facile de placer la genette. Mais où peut bien vivre cet animal nocturne et donc invisible aux animaux diurnes que nous sommes ?
Petit à petit la biodiversité envahit la terre.
Tous les écosystèmes se remplissent de vie.
Et chacun sait maintenant que la biodiversité et la terre sont intimement liées. Le sol ne se crée que grâce à l'apport de la litière formée des êtres vivants morts et les êtres vivants n'existent que parce que ce sol nourrit les plantes, bases de toutes les chaînes alimentaires dont nous faisons partie.
La boucle est bouclée à condition que les roches, la litière et les animaux recycleurs et fouisseurs du sol puissent faire leur travail. Si la pollution bloque un seul de ces acteurs, les jardiniers pourraient alors manquer de sol. Dans ce cas, plus de bonheur des jardins et encore moins de jardiniers heureux !
Pensez à ça la prochaine fois qu'une douce litère ou qu'un tendre gazon accueillera votre pique-nique bucolique et ne laissez rien derrière vous sinon le souvenir d'une belle journée à refaire.